MANOURK
L'auteur Publications Projets Blog

LES BAPTÊMES

J'ai écrit mon premier poème à 8 ans, en 1992, et le dernier en 2002, l'année de mon bac. Depuis, c'est très rare. Ma plus grande productivité a eu lien pendant mes années de lycée, grâce à ma professeur de Français, qui prenait le temps de les lire. J'ai publié ce recueil en 2008 et elle est la première personne à qui je l'ai envoyé. Elle est toujours mon amie et elle continue à me lire aujourd'hui...

Malheureusement, ce recueil n'est plus édité par la société des écrivains... mais heureusement, j'ai récupéré tous mes droits ! Je vais donc pouvoir diffuser mes poèmes gratuitement !

Résumé : Les Baptêmes est un grand hymne à la Nature écrit par une adolescente entre ses huit et ses dix-huit ans. A travers sept volets, l'auteur exprime son besoin de liberté et d'indépendance : elle évoque des voyages imaginaires, cet Appel d'ailleurs qui l'attire tant, même si des Chansons d'enfant s'accrochent encore à cet envol vers la vie d'adulte. La naissance de sentiments, amoureux et amicaux, est aussi chantée dans un Colloque sentimental, alors que la prise de conscience de la Misère engendre la révolte de la jeune fille. L'adolescence est encore un besoin de sécurité, exprimé dans ce recueil par un amour sans limites pour des Paysages aimés et les Vents des déserts, qui apportent douceur et paix à qui sait les apprécier. L'auteur ne se prive pas d'exposer ses délires, si chers aux jeunes, sous forme de poésie, au fil de Quatre saisons pour rire.

Voir mes poèmes

Section 3 : Colloque sentimental

Je me souviens ce breton...

Je me souviens ce breton, un gars de la pointe,
Avec des yeux gris qui ressemblaient aux miens ;
Dans son bleu de travail, la cigarette éteinte,
Il tenait deux poissons, un dans chaque main.

Son vieux tricot marine, remonté aux coudes,
Et sa casquette posée en biais sur sa tête,
Il souriait, avec ce sourire du bon bougre,
Du vieux loup de mer, ravi de ses bêtes.

Il parlait le breton comme un mât qui tangue,
Et il disait "tu", qu'importe la langue ;
Il était chez lui là-bas, à Primelin.

Il se présentait toujours en tendant la main ;
Il aimait son champ et il aimait sa terre.
J'aimais ce breton, c'était mon grand-père.

Section 2 : Chansons d'enfants

Odyssée d'une souris

Pointant son museau hors du trou,
La souris grise hume l'air :
Une délicieuse odeur de cabécou
S'est faufilée dans sa tanière.

Pourtant, le rongeur ne sort pas
Car, devant la table, ronfle un gros chat.
Indécise, la souris ne sait que faire,
Tenter l'aventure ou rentrer sous terre.

Gourmande, elle s'est enfin décidée,
Et se faufile prudemment sous la table,
Se tenant à une distance respectable
Du museau de son ennemi juré.

Tremblante du nez à la queue,
Elle se saisit du cabécou
Et avant que le chat n'ouvre les yeux,
Elle s'enfuit très vite dans son trou.

Section 2 : Chansons d'enfants

Le chant de l'eau

N'aimez-vous pas le chant de l'eau
Qui dévale dans le caniveau,
Quand la pluie bat la fenêtre
Dans le souffle de la tempête ?

N'aimez-vous pas le chant de l'eau
Quand l'océan fait le gros dos
Et qu'il balaye inlassablement
Les roches dans la nuée des goélands ?

N'aimez-vous pas le chant de l'eau
Qui court, scintille dans le ruisseau
Et qui brille au petit matin
Quand le soleil s'y lave les mains ?

N'aimez-vous pas la pluie, le vent,
Et les mélancolies de l'océan ?
Peut-être ne peut-on pas sortir,
Mais n'est-ce pas mieux, déjà, de sourire ?

Section 2 : Chansons d'enfants

La gerboise et l'écureuil

Un petit écureuil roux du Nord
Etait triste car il avait froid ;
Il rêvait d'un soleil tout en or
Au lieu de la brume dans le bois.

Une petite gerboise brune d'Algérie,
Fatiguée de la forte chaleur,
Imaginait la forêt et la pluie
A la place du désert sans fleurs.

Tous deux décidèrent de s'en aller,
L'une du désert sec et aride
Et l'autre de la sombre forêt,
Où les arbres sont froids et humides.

En Espagne, il se rencontrèrent
Dans l'ombre douce d'une forêt
Où ils décidèrent de rester.

Peu après, il se marièrent
Et eurent beaucoup d'enfants,
Comme dans tous les romans !

Section 2 : Chansons d'enfants

Histoires de chats

Par une froide nuit d'hiver,
Emmitouflé dans mon grand manteau
Je marchais sous les lampadaires
Quand je sentis un regard dans mon dos.

Une jeune chatte, maigre et fatiguée
Assise par terre, me regardait
Ses grands yeux verts me demandaient
Quelque chose que je ne comprenais.

Apitoyé par ce regard
Je l'ai saisie dans mes bras
Elle a miaulé vers un trou noir
Et trois chatons surgirent du chas.

J'ai rapidement deviné
Ce qu'elle voulait me faire comprendre
Je les ai tous les quatre attrapés
Et je suis rapidement rentré.

***

Un matin dans le placard
J'allais pour prendre ma chemise
Quand dans le coin le plus noir
J'aperçois quatre boules grises

Mes enfants m'ont supplié :
"Oh papa, on peut les garder ?"
Leurs yeux étaient implorants.
C'est comme ça, les enfants !

Finalement j'ai accepté
Les enfants étaient pleins d'espoir
Mais on n'aurait jamais dû les garder
Car....

Quelques semaines plus tard
Dans mon appartement saccagé
Quatre tout petits chats noirs
Grignotaient mon canapé.

Section 2 : Chansons d'enfants

Deux poissons

Tout au fond de l'eau,
Un poisson pataud
Près des algues bigarrées
Semble vouloir un peu rêver.

Au fil de l'onde pure,
Une jolie poissonne sûre
De sa route et de sa vie
Passe tout près de lui.

De leurs yeux globuleux,
Ils se sont regardés.
Dans les algues bigarrées,
Ils sont tombés amoureux.

Une semaine même pas passée,
Ils étaient déjà mariés !

Section 2 : Chansons d'enfants

Au sommet du puy

Au sommet du puy de Dôme
Près du temple de mercure,
Un gamin, assis là, sur un mur,
Ses pieds nus sur l'herbe rase,
Contemplait avec extase
Les deux cratères du puy de Côme.

Une fillette au visage doux,
Lissait de ses petites mains
Ses cheveux couleur châtain ;
Elle fermait ses grands yeux gris
Et disait à son ami
Qu'elle préférait le puy Pariou.

Deux touristes irlandais
Lancés dans la traduction
De la table d'orientation
Ne voulaient guère écouter
Un vieil homme aux yeux perçants
Qui disait voir le mont blanc.

Une femme aux chevaux noirs,
Au visage pâle, plutôt blafard,
Soupirait longuement d'ennui
Et se plaignait à son mari,
Un colosse au teint olivâtre
Qui renouait sa cravate.

Enfin, un petit chien blanc et brun
Qui furetait dans tous les coins
Complétait ce tableau charmant
D'un dimanche d'été sur le volcan.

Section 1 : Appel d'ailleurs

Soleil levant à Landévennec

Au soleil levant, un éclat d'or, un doux feu,
La croix d'argent que je portais au cou
Fond les couleurs ocre pâle et azur de bleu
Comme un fleuve qui coule dans le pays doux.

Au soleil levant, au chant clair des oiseaux,
Les perles de la pluie d'hier endormies,
Glissent et fendent les nuages matinaux
Comme un ruisseau qui blesse le pays gris.

Là-bas, frère l'homme contemple sœur nature,
A peine éveillés l'un et l'autre ce matin ;
Ensemble, leurs cœurs célèbrent le ciel pur.

Là-bas, la baie étincelle et le brouillard fin
Se lève ; frère l'homme retourne chez lui,
Au milieu de ses moines qui vénèrent la vie.

Section 1 : Appel d'ailleurs

Quelque part, au milieu des flots...

Sharon se pose sur la plage d'or fin,
Plie ses ailes blanches et trotte au bord de l'eau.
Les vagues d'argent caressent ses sabots
Et le vent du large soulève ses crins.

Sharon est heureux dans la forêt de pins,
Humant mille délices de ses naseaux ;
L'odeur de l'été, le chant des oiseaux,
Le soleil si léger, l'air pur du matin.

Sharon cabriole le long des rochers,
Faisant fuir à son passage des nuées
D'oiseaux marins dans un nuage blanc.

Enfin, fatigué, rompu de bonheur,
Le cheval ailé se couche dans les fleurs :
Il a trouvé son île au milieu de l'océan.

***

L'île rayonnait ; et même quand les vagues
Caressaient l'or fin de leurs longs doigts salés,
Et même quand le vent se jouait des marées,
L'île s'enlisait dans une torpeur vague.

L'île rayonnait, s'alourdissait dans l'âge,
Ponctué par les hivers mornes et glacés
Et les étés torrides où vivre l'épuisait,
L'île regorgeait de trêves et de voyages.

On y voyait des oiseaux de pluie et d'argent
Aux contours si flous qu'on se demandait parfois
S'ils n'étaient pas les reflets de l'ombre du vent.

On y voyait le silence de bon aloi,
Changeant, presque violent et lunatique
Dans toute la beauté d'une île désertique.

Section 1 : Appel d'ailleurs

Les lacs de Yellowstone

Tôt le matin, quand vient l'aurore,
Mille doux rayons de soleil
Font ressortir les tons vermeilles
De ces lacs abondants de flore.

En cette douce saison, le printemps,
Quelques visiteurs atterres
Contemplent ces traits du passé
Ces lacs, au moins vieux de cent ans.

Durant la journée entière,
Des centaines de visiteurs
Viennent voir ces pleins de couleurs,
Emerveillés par leurs tons bleus-verts.

Le soleil se couche à l'horizon
Et plus une onde, plus un frisson,
Les poissons sont tous rentrés
Et endorment les lacs irisés

Section 1 : Appel d'ailleurs

Le rapace

De son vol majestueux et lent,
Le rapace veillait sur son repère,
Etroite niche de la falaise au flanc
De la montagne, telle était son aire.

Il planait le long de la paroi,
Guettant de ses petits yeux perçants
Quelque souris, mulot ou autre proie
Sur laquelle il fondrait instantanément.

En contrebas, son ombre démesurée
Se mouvait lentement sur les rochers ;
Ses plumes ocres et blanches étincelaient
Dans le soleil en cette fin d'été.

Son bec était recourbé et crochu,
Ses larges serres, puissantes et griffues ;
L'immense envergure de ses ailes déployée
L'aigle royal était le roi des Pyrénées.

Section 1 : Appel d'ailleurs

Dauphin de liberté

Sous la roche un clapotis
D'une vague dans la nuit
Sous la lune se tapit
Le dauphin qui s'enhardit.

Il nage sous les océans
De continent en continent,
Il nage dans le courant
Et saute dans le vent.

Il vole dans les nuits d'été
Le fou dauphin argenté
Il vole dans la liberté
Se laisse bercer par la marée.

Il va, de saut en saut,
Dans les abysses au fond de l'eau,
Il va chez les cachalots
Qui se renversent dans les rouleaux.

Et il bondit, loin des requins,
Avec les orques et les marsouins ;
Il bondit dans les embruns
Devant le chalutier des marins.

Petit dauphin de liberté,
Ne te laisse pas attraper ;
La vie en captivité
N'est pas pour les cétacés.

Section 1 : Appel d'ailleurs

Carnac près d'Assier

Le verre glisse la bise en pierre levée
Les menhirs fendent l'air et fêlent le ciel
Du bleu des étoiles qui lynchent le blé
Et qui pleurent les nuits des sapins irréels.

Quand les nappes à l'horizon étreignent l'air
Et resplendissent en rehaussant les dolmens
La pluie qui selon l'heure vit et se démène
Brise les flots des belles felouques et des mers.

Et les rayons de saphir pâlis de froid
Blanchissent aux pierres sèches l'hymne d'autrefois
De la barre sombre qui limite la Terre.

Tandis que les rochers tamisent l'eau douce
Et que la cigale s'endort sur la mousse
Des pierres chaudes pleurent les gouttes de lumière.

Section 1 : Appel d'ailleurs

Aurore australe

La lune étincelle d'aurore
Sur les glaciers bleus d'azur
Et les astres pépites d'or
Ebréchant d'une fine rayure
Le verre de la voûte céleste
Et sèment paillettes au vent
Qui scintillent de pierres d'argent
Le panache fier d'une comète.

La toile lazurite du ciel
Auréolée de voiles austraux
Quand les pâles étoiles se fêlent
Et se brisent dans les flots
Du souffle austral et indigo
Sur la glace où tout survit
Dans un clair de vent d'eau
Par un miracle de la vie.

Poème liminaire

Les mots sont un bain d'étoiles florissantes,
Les sentiments que le cœur se plaît à dire
Comme l'aube qui éveille en inconsciente
Les fleurs dans un murmure de souvenirs.

Les mots sont les pleurs d'une enfant innocente,
Ses yeux quand fleurit le bonheur d'un sourire,
Comme l'aube qui endort en impatiente
La nature en un silence de soupirs.

Les mots sont les entraves des prisonniers,
Les barreaux sombres, le bagne du poème
Qui ne sait pas reconnaître ses pionniers.

Les mots sont le cri virulent d'un "je t'aime"
Ou le silence à peine voilé des larmes :
La poésie devient un rêve ou bien une arme.